L'élan initial de mon travail trouve son origine dans le désir de transcrire une idée de temporalité non pas par des séries de clichés chronologiques, mais de composer un séquencement à l'aide d'une multitude de clichés sur un seul et même support. Un paysage, même dépourvu de vie, se modifie au fil des heures, au fil du temps. Rien n'est statique. La lumière change et ne cesse de modeler ce qu'elle offre à notre regard.
Mes prises de vue imitent le fonctionnement de l'oeil humain. Lorsqu'un individu observe ce qui lui fait face, son regard se pose à plusieurs endroits qui sont autant d'instantanés photographiques qui se juxtaposent mentalement pour créer un ensemble. Ce qui est remarquable dans ce processus d'appréhension de l'environnement est l'importante part de subjectivité qu'elle implique. Chaque spectateur réagit de façon personnelle et interprète ce qu'il voit d'une manière qui lui est propre et s'imprègne d'une atmosphère à son rythme.
La mémoire visuelle joue ainsi un rôle essentiel dans mes compositions. Les photos floues, sur- ou sous-exposées, représentent le flou de la mémoire à limite de l’oublie. Elles me permettent une programmation de la circulation du regard du spectateur motivé ou dissuadé par le niveau de définition d'un cliché donné.
À l'aide d'un long et minutieux travail de réorganisation et de superposition des instantanés en une seule image, je fais usage de cette profusion pour peindre à l'aide de photos; certains effets de transparence évoquant l'aquarelle, d'autres la touche de pinceau. La photographie est ainsi modifiée tout en restant proche du souvenir subjectif relayé initialement par les yeux et le cerveau. Le résultat est une transfiguration de la réalité dont les formes et les couleurs éclatent; fondent et se confondent dans un éblouissement dont le flou et la vibration traduisent l'imperfection et la partialité de la mémoire.
Ces compositions utilisant l'ensemble des photos lors de la prise de vue en équilibre instable sont le reflet d'un monde moderne ou la surconsommation et la sur-utilisation de la photo numérique entre en compétition avec la mémoire visuelle. Le grand format des compositions final et la profusion de détails pousse le spectateur à se fondre dans des paysages ou des silhouettes indiscernables se déplacent dans des villes exsangues, trace éphémère d'un peu de lumière sur des corps humains que la mémoire peu à peu efface.
Sorry for the lack of translation, it is in process.